Présentation

Autour de l’énonciation : des stratégies aux opérateurs

Présentation

Le XIIIe Congrès International de Linguistique Française (CILF) s’inscrit dans le prolongement des colloques de Linguistique Française organisés tous les deux ans depuis 1993 par les départements de français des universités espagnoles. L’objectif est de rassembler les travaux des chercheurs en linguistique française, soit sur des thématiques générales, soit sur des thématiques spécifiques dans un certain domaine de recherche. Plus précisément, les deux derniers ont porté sur le discours politique (Université de Saragosse 2015) et sur les marques d’oralité (Université Complutense de Madrid 2018).

L’Université d’Oviedo avait déjà organisé en 2008 le VIII CILF intitulé Morphologie, syntaxe, sémantique : même combat ? Le but du colloque était d’approfondir les questions touchant à l’articulation des trois branches de la linguistique (morphologie, syntaxe et sémantique). Cette fois-ci, notre université accueillera le XIIIe CILF en 2021 ; ce colloque sera une belle occasion de rendre hommage à la brillante carrière universitaire de notre chère collègue, Mme María Luisa Donaire, car il coïncidera avec les 46 ans de son activité académique ; c’est la raison pour laquelle sera privilégiée une des thématiques préférentielles dans sa recherche : l’énonciation.

C’est autour de cette vaste notion, et sous le titre Autour de l’énonciation : des stratégies aux opérateurs, que ce colloque se donne pour objectif d’alimenter la réflexion des spécialistes s’interrogeant sur les aspects sémantico-pragmatiques de la langue en général et de la langue française en particulier.

Ce colloque s’articule autour de trois notions : énonciation, stratégies et opérateurs. L’énonciation constitue le cadre général d’une grande variété de recherches linguistiques depuis que Benveniste, dans l’article fondateur « L’appareil formel de l’énonciation » en 1970, a attiré l’attention sur le mécanisme de la production et a défini l’énonciation comme la mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation.

Le concept d’énonciation a essaimé dans de multiples directions et les avancées théoriques se développent depuis plusieurs décennies, démontrant la vivacité de la question énonciative au sein du monde de la recherche. Ainsi, en ce qui concerne le locuteur, la diversité thématique est grande : l’inscription de la subjectivité dans le discours, les questions de prise en charge, les différentes approches de l’hétérogénéité énonciative telles que la polyphonie et le dialogisme, etc. La notion d’énonciation a été aussi analysée sous l’angle du discours, y compris dans sa dimension orale ; là encore, la variété thématique est grande : l’anaphore, la deixis (Kleiber 1991, 1994, 2001, 2018), le discours rapporté, la cohérence et la cohésion discursive, la typologie textuelle … Enfin, il ne faut pas oublier les mots du discours, étudiés sous plusieurs points de vue, aussi bien synchroniques que diachroniques, dans une seule langue ou dans un cadre contrastif (Rodríguez Somolinos 2011).

La deuxième notion autour de laquelle s’organisera cette rencontre est celle de stratégie discursive, entendue dans un sens large comme l’ensemble de moyens déployés par le locuteur dans la construction de son discours. Dans un sens plus restreint et s’inspirant des études sur la polyphonie d’Anscombre et Ducrot, cette approche linguistique s’appuie sur des notions telles qu’objet construit par le discours et point de vue. L’un de ses principes théoriques de base soutient que le discours instaure une disposition plus ou moins complexe de points de vue (Anscombre 1985, 2004 ; Haillet 2007, 2013). Ainsi, nous aurons affaire à une stratégie discursive lorsque le discours établit une relation entre deux ou plus de deux points de vue différents. Plusieurs thématiques ont été abordées depuis cette perspective : la nature des points de vue, le placement du locuteur vis-à-vis de l’identification des points de vue, la présence ou l’absence de ‘marques’ lexicales ou morphosyntaxiques à la surface de l’énoncé, etc.

Dans le domaine des mots du discours, une importance cruciale a été accordée à un certain groupe d’éléments, dits opérateurs discursifs. Le terme opérateur a déjà été employé par différents courants linguistiques, notamment la Théorie des Opérations Énonciatives de Culioli. Néanmoins, lorsque l’on y appose l’étiquette discursif, le syntagme fait alors référence non seulement aux connecteurs et marqueurs discursifs, mais aussi aux unités qui instruisent des opérations sémantico-pragmatiques dont le but est la construction du sens du discours (Donaire 2013). Ces opérations constituent, à leur tour, les différentes stratégies discursives mises à disposition du locuteur. Cette approche vise, en somme, à mettre en place –et ceci à partir de critères objectifs– une catégorie sémantico-pragmatique intégrée par les éléments évoqués ci-dessus dans le cadre d’un modèle polyphonique (Anscombre 2018).

Références bibliographiques

  • Anscombre, J.-C. (1985) « Grammaire traditionnelle et grammaire argumentative de la concession », Revue internationale de philosophie, 155, 333-349.
  • Anscombre, J.-C. (2004) « Quelques remarques sur l’existence et le fonctionnement d’un si concessif », in Donaire, M.L. (ed.) Dynamiques concessives / Dinámicas concesivas, Madrid, Arrecife, 41-74.
  • Anscombre, J.-C. (2018) « Représentation sémantique des opérateurs discursifs : polyphonie, médiativité et autres », in Anscombre, J.-C. ; Donaire, M. L.; Haillet, P. P. (dir.) Opérateurs discursifs du français, 2, Berne, Peter Lang, 21-46.
  • Donaire (2013) « Introduction », in Anscombre, J.-C. ; Donaire, M. L.; Haillet, P. P. (dir.) Opérateurs discursifs du français, Berne, Peter Lang, 1-8.
  • Haillet, P.P. (2007) Pour une linguistique des représentations discursives, Bruxelles, De Boeck.
  • Haillet, P.P. (2013) « Stratégie discursive : mise en relation de points de vue », in Anscombre, J.-C. ; Donaire, M. L.; Haillet, P. P. (eds.) Opérateurs discursifs du français, 33-36.
  • Kleiber, G. (1991) « Anaphore-deixis : où en sommes-nous ? », L’information grammaticale, 51, 3-18.
  • Kleiber, G. (1994) Anaphores et pronoms, Louvain-la-Neuve, Duculot.
  • Kleiber, G. (2001) L’anaphore associative, Paris, PUF.
  • Kleiber, G. (2018) « Ici en glanures », Langue Française, 197, 35-49.
  • Rodríguez Somolinos. A. (ed.), (2011) Les marqueurs du discours : approches contrastives, Langages, 184.

Langues du colloque

Français et espagnol

Comité d’organisation

  • Coordinateur : Jesús Vázquez Molina (vazquezjesus@uniovi.es
  • Secrétaire : Emma Álvarez Prendes (alvarezemma@uniovi.es)
  • Camino Álvarez Castro (caminoac@uniovi.es)
  • Flor Mª Bango de la Campa (flor@uniovi.es)
  • María Rodríguez Álvarez (ralvarezmaria@uniovi.es)
  • Collaborateurs:
  • Juan Ángel Martínez García (jamg@uniovi.es)
  • Dominique Ninanne (dominiq@uniovi.es)
  • Lourdes Pérez González (lourdes@uniovi.es)

Comité scientifique

  • Lotfi Abouda (Université d’Orléans)
  • Jean-Claude Anscombre (CNRS-LT2D) 
  • Jacques Bres (Université de Montpellier)
  • Manuel Bruña (Universidad de Sevilla)
  • Daniela Capin (Université de Strasbourg)
  • Fidel Corcuera (Universidad de Zaragoza) 
  • Sandrine Deloor (Université de Cergy-Pontoise)
  • Patrick Dendale (Université d’Anvers)
  • Sonia Gómez-Jordana (Universidad Complutense de Madrid)
  • Patrick Haillet (Université de Cergy-Pontoise)
  • Adelaida Hermoso Mellado-Damas (Universidad de Sevilla)
  • Georges Kleiber (Université de Strasbourg)
  • Montserrat López Díaz (Universidad de Santiago de Compostela)
  • Juan Manuel López Muñoz (Universidad de Cádiz)
  • Christiane Marque-Pucheu (Sorbonne Université)
  • Silvia Palma (Université de Reims)
  • Amalia Rodríguez Somolinos (Universidad Complutense de Madrid)
  • Laurence Rouanne (Universidad Complutense de Madrid)
  • Didier Tejedor de Felipe (Universidad Autónoma de Madrid)
  • Hélène Vassiliadou (Université de Strasbourg)
  • Elena Vladimirska (Université de Lettonie)