Pièges à éviter :
pièges grammaticaux et interférences

Sommaire général
Remarques préliminaires
Module 1 : Quel type de rapport allez-vous produire ?
Module 2 : Comment présenter votre rapport ?
Module 3 : Comment situer vos idées et celles des autres ?
Module 4 : Comment structurer votre rapport ?
Module 5 : Comment faire pour qu'un texte soit cohérent et dynamique ?
Remarques préliminaires
La cohésion du texte : reprises, connecteurs, constructeurs d'espace et commentaires métatextuels
Situer son propre discours par rapport à celui d'autrui
Pièges à éviter : pièges grammaticaux et interférences
Travail de réécriture
Module 6 : La bibliographie
Module 7 : Table des matières, Annexes, illustrations et légendes, index

 

 

 

 

 

I. Les temps du passé. Emploi de l'imparfait et du passé composé (pour anglophones et germanophones)

 

Le passé en français : opposition entre imparfait et passé composé

Dans les langues d'origine latine (italien, français, espagnol ou portugais) le découpage du passé se fait de manière analogue. Aucun problème d'interférence. Ce sont les nordiques qui hésitent. Ils se demandent si l'action commencée dans le passé est encore en cours ou valable dans le présent. Mais dans les langues latines on ne conçoit pas ainsi le découpage du passé.

Voici, pour les anglophones ou germanophones, une méthode pour éloigner le doute sur les passés : si vous posez la question "How was it ?", l'histoire se met à l'imparfait. Si vous posez la question "What happened?" votre réponse doit être au passé composé (en allemand "Wie war es ? / Was geschah dann?").

Exemples :

Hier, j'ai marché pendant trois heures. Ce matin j'ai senti les courbatures !

Hier, à 11 heures, je traversais tranquillement la place quand, tout à coup, j'ai vu des gangsters attaquer une banque.

Le passé composé établit un lien avec le présent. Dans les journaux - qui relatent l'actualité récente ou des actions dont les conséquences peuvent se prolonger jusqu'au moment présent - le temps le plus employé est le passé composé. Les limites de l'action passée sont clairement exprimées. En revanche, l'imparfait n'indique ni le début ni la fin de l'action, il n'y a pas de limites précises. L'action se situe, certes, à l'époque passée mais l'indication temporelle n'exprime pas de limite.

 

1. L'imparfait exprime une action en cours dans le passé, exactement comme le présent marque l'action en cours au présent (être en train de faire quelque chose)

Il est 19 heures. Que fais-tu ? - Je prépare le dîner.
Que faisais-tu hier à 19 heures ? - Je préparais le dîner.
J'étais en train de préparer le dîner quand elle a téléphoné.
Je suis arrivée en Italie en septembre, il faisait encore très chaud.

 

2. L'imparfait constitue une toile de fond où se déroulent des actions passées d'importance secondaire par rapport aux événements qui vont être présentés

Dans la phrase: Je suis arrivée en Italie en septembre, il faisait encore très chaud, la chaleur est constante avant, pendant et après l'arrivée en Italie.

 

3. Si la situation existe encore au moment où l'on parle, il faudra utiliser le présent et indiquer depuis quand la situation existe

Depuis mon arrivée en Italie, il fait chaud. (Notez qu'en anglais on mettrait le passé continu et non pas le présent).


4. Si l'on veut donner des limites dans le temps, il faut utiliser le passé composé

Quand je suis arrivée en Italie en septembre, il a fait très froid pendant une semaine. La durée de la situation est ici limitée à une semaine.
Dans la phrase: Je suis allée à la poste mais c'était fermé, nous avons 3 séquences : action / situation statique / action d'arriver : la locutrice sous-entend "mais, quand je suis arrivée..." . Cette alternance entre statisme et progression de l'action est propre au jeu entre imparfait et passé composé.


5. On peut établir un parallélisme entre l'imparfait et le présent

Le présent marque une action en cours (en train de se faire maintenant) et l'imparfait marque le même type d'action en cours mais au passé.
Au présent : Il est 18 heures. Que faites-vous ? - Je lis mon courrier électronique.
A l'imparfait : Que faisiez-vous hier à 18 heures ? - Je lisais mon courrier électronique.


6. L'imparfait peut exprimer une action habituelle dans le passé

Nous connaissons le présent d'habitude : Tous les matins, elle se lève à sept heures.
Voici l'imparfait d'habitude : A cette époque-là, tous les matins, elle se levait à sept heures.
A notre époque, les gens ne travaillent que huit heures par jour.
Autrefois, les gens travaillaient parfois jusqu'à 14 heures par jour.


7. Enfin, au discours rapporté au passé, l'imparfait est la transposition du présent qui est employé au discours direct

Discours direct : Je m'occupe des enfants.
Discours indirect au passé : Il a expliqué qu'il s'occupait des enfants / Il expliquait qu'il s'occupait des enfants.


8. L'imparfait ne signale ni le début, ni la fin d'une action (pas de limites)

L'action est simplement située dans le passé et présentée dans son accomplissement (en train de se réaliser). Cela explique que l'on ne puisse pas trouver l'imparfait avec un indicateur de temps qui signale le début et la fin d'une action. Ainsi : * Hier, je m'occupais des enfants pendant deux heures est une phrase irréalisable. On doit utiliser un temps qui n'a pas une valeur d'accomplissement en cours (on n'est pas en train de...) mais une valeur d'action accomplie (finie) :

Ce jour-là, je me suis occupé des enfants pendant deux heures. (passé composé)

La veille, je m'étais occupé des enfants pendant deux heures. (plus que parfait)

Avant de partir, il s'occupa des enfants pendant deux heures. (passé simple)

L'imparfait ne précise pas de limites dans le passé. Il est donc "élastique" ; il crée une sorte de panorama, une toile de fond (background) où se déroulent des actions passées. Les informations que l'imparfait donne sont secondaires par rapport à l'action ou à l'information sur la progression des actions (pour des faits ayant eu lieu les uns après les autres :

Le ciel était couvert quand tout à coup un orage a éclaté.

Je suis arrivé en France en janvier, il faisait très froid.

Voici quatre énoncés qui pourraient servir de mises en scène (quatre scénarios différents) à un cameraman :

1. Je descendais l'escalier, lui, il montait.

On a une vision panoramique de deux actions simultanées au passé. On pourrait avoir : Je descendais, lui, il montait quand elle nous a appelés.

2. J'ai descendu l'escalier, lui, il montait…

lui, il montait sert de toile de fond, on focalise sur ce que fait je.

3. Il est monté, moi je descendais.

Je descendais sert de toile de fond, on focalise sur ce que fait il

4. Il est monté, moi je suis descendu.

Pour imaginer la scène, il faut penser à deux actions simultanées sur lesquelles se focalisent les projecteurs. La toile de fond pourrait être : Pendant qu'elle nous appelait, (toile de fond ), il est monté et moi, je suis descendue.


9. L'imparfait peut avoir une valeur d'atténuation polie dans les conversations administratives et commerciales

On l'utilise à la place du conditionnel qui a une valeur comparable.
Qu'est-ce que vous vouliez ? - Je voulais savoir si vous aviez les nouveaux formulaires pour les candidatures.


10. L'imparfait est employé après la conjonction "si" dans l'hypothèse irréelle

Alors que la phrase principale est au conditionnel, la phrase secondaire après "si" est à l'imparfait et non au conditionnel. C'est un piège classique… On écrit donc :

Si j'étais riche, je ferais le tour du monde.

L'imparfait disparaît au profit du conditionnel quand on omet la conjonction "si"

Je serais riche, je ferais le tour du monde.


11. Le passé composé

Le passé composé est avant tout le temps de ce qui, au vu de la situation présente (et en relation avec elle) est le résultat d'une action finie, une action dont le début et la fin sont perceptibles et dont les conséquences touchent encore le présent du locuteur.
Au présent, l'action est en accomplissement (en train de se faire) et cet accomplissement va donner lieu à un résultat qui, après coup, sera décrit au passé composé.
J'écris une lettre, je suis en train d'écrire une lettre. Accomplissement en cours.

La lettre est écrite / J'ai écrit une lettre. Résultat accompli.

Vous venez déjeûner ? Non, merci, j'ai déjeûné. Action accomplie.

Généralement on indique quand l'événement a eu lieu (jour, date, heure ou moment). Nous sommes alors situés par rapport au moment présent de celui qui parle.

S'il n'y a pas de complément de temps, la déclaration reste vague, imprécise et a besoin du contexte pour être comprise. J'ai habité ici pendant trois ans (mais je n'y habite plus en ce moment).

J'ai habité ici (Nostalgie ? Piété ?) Seul le contexte donnerait le sens.

Je t'ai attendu plus d'une heure (Reproche) mais Je t'ai attendu (Empathie ? Fidélité ? Solidarité ?)

J'ai mangé, par opposition à : J'ai mangé à trois heures, souligne la différence/rupture par rapport à ceux qui n'ont pas mangé ou le refus de nourriture.

 

 

 
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  24/1/10